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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/167

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corps à corps. Regnaut s’entendant nommer, remit son épée dans le fourreau et prit une grosse lance courte, et vint contre Roland et dit : Où êtes-vous et pourquoi avez-vous tant tardé ? Alors ils piquèrent leurs chevaux l’un contre l’autre. Salomon de Bretagne et Hector voyant qu’ils joûtaient ensemble, dirent au duc Naimes, à l’archevêque et à Olivier : Seigneurs, souffrirez-vous que le meilleur des chevaliers périsse sous vos yeux ? Il est vrai, répondit le duc Naimes, il serait douloureux pour nous de le perdre. Il recommandèrent alors à Oger d’aller dire à Roland de ne point combattre à l’épée contre Regnaut, mais de prendre une lance et de la briser sur lui. Seigneurs, leur répondit Oger, il faut les laisser faire, vous ne connaissez pas Regnaut, il n’est pas homme à s’épouvanter ; car Roland sera las avant qu’il soit retourné, et aura aussi bonne volonté de quitter là bataille que Regnaut. Oger, dit Hector, vous parlez par envie, car si vous étiez pour combattre contre Regnaut, vous parleriez autrement ; faites seulement en sorte qu’ils ne combattent pas davantage. Oger vint vers Roland et lui dit ce que les barons lui avaient recommandé. Que Dieu les punisse, dit Roland, car ils auront aujourd’hui le désir de mon oncle Charlemagne. Alors il se tourna vers Regnaut et lui dit : Sire, vous avez essayé de mon épée et non pas de ma lance. Regnaut lui dit : Si vous quittez votre épée, je ne vous en saurai pas bon gré. Je ne vous crois cependant pas, achevons notre combat. Roland ne voulait plus et il fit ce que les barons lui avaient recommandé, il prit une lance et courut contre Regnaut qui vint aussi contre lui,