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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/186

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qu’ils firent voler leurs lances en éclat et tombèrent tous deux par terre ; ils se relevèrent promptement et chacun d’eux mit l’épée à la main. Le roi se mit à crier Montjoie-Saint-Denis. Il dit ensuite : Si je suis vaincu par un chevalier, je ne mérite pas d’être roi ni de porter la couronne. Quand Regnaut connut que c’était Charlemagne, il se retira en disant : Hélas ! qu’ai-je fait ? j’ai joûté contre le roi ; il y a quinze ans que je ne lui ai parlé ; mais je le ferai maintenant quand je devrais périr : alors il avança vers Charlemagne et se mit à genoux devant lui, et lui dit : Sire, donnez-moi trêve jusqu’à ce que je vous aie parlé. Volontiers, dit le roi, mais je ne sais qui vous êtes, vous joûtez vaillamment. Sire, je suis Regnaut, fils d’Aymon ; je vous demande grâce, ayez donc pitié de mes frères et de moi ; vous savez très-bien que je suis votre vassal, mais vous m’avez chassé de votre terre et de la mienne il y a environ quinze ans, dont plusieurs gens sont morts. Vous savez ce que c’est que la guerre, perdre aujourd’hui et demain gagner. Ainsi j’espère qu’au nom de Notre-Seigneur, vous aurez pitié de nous, ce n’est point la crainte de la mort qui me fait parler ainsi ; mais c’est pour avoir votre amitié. Sire, accordez-nous la paix et nous serons à votre service pour toujours : je vous donnerai Montauban ainsi que mon cheval Bayard qui m’est bien nécessaire, que j’aime le plus après mes frères et mon cousin Maugis ; car il n’y a pas au monde un cheval pareil au mien ; si vous ne voulez pas le faire, par donnez à mes frères, et je sortirai de France et n’y reviendrai jamais. J’irai nu-pieds au Saint-Sépulcre