roi étaient sauvés, il en fut bien fâché, et dit à ses frères : Mes amis, vous avez bien mal travaillé ; si vous eussiez été avec moi, nous aurions mieux opéré, car j’avais pris le roi et nous l’aurions emmené à Montauban. Sire, dirent ses frères : Nous en sommes bien fâchés, mais nous avons eu tant d’affaires autre part, que nous avons eu peine d’échapper. Faites sonner la trompette pour rallier nos gens à l’entrée de la nuit, et nous irons à Montauban. Quand Charlemagne vit venir Roland et ses gens, il fut joyeux et dit à ses barons : Je crains qu’il ne vous arrive beaucoup de mal, car Regnaut nous a mis en fuite. Sire, dit Roland, vous avez eu tort d’aller combattre contre lui, car vous vous exposiez à être fait prisonnier.
Regnaut voyant que Charlemagne s’en retournait,
rallia ses gens pour s’en retourner à Montauban.
Regnaut dit à ses frères et à Maugis : demeurons
derrière, de crainte que les Français ne les suivent,
car s’ils nous suivent, nous souffrirons mieux la
peine qu’eux. Je ne voudrais pas que Roland et
Olivier se moquassent de nous, ni qu’ils nous trouvassent
en désordre. Quand la plus grande partie
eut passé Balançon, Regnaut prit trois mille
hommes et dit aux autres : Allez à Montauban, car