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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/219

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ne pouvait l’éveiller. Quand les barons virent le roi endormi, il furent bien surpris, et Roland parla le premier et dit : Regnaut où est Maugis, qui a si bien exploité ? je vous prie de le faire venir, afin qu’il l’éveille, et sitôt qu’il sera éveillé, nous irons tous à ses pieds pour lui crier merci ; et je vous prie de ne plus l’outrager en paroles. Par ma foi, dit Regnaut, j’aimerais mieux mourir enragé que de dire des injures au roi ; mais je lui proposerai mes frères ; et moi, pour obéir à ses ordres, je le prierai qu’il lui plaise nous accorder la paix. Je m’en vais chercher Maugis pour qu’il vienne ici avec moi. Regnaut le chercha long-temps et ne put le trouver, et il en fut bien irrité. Alors il demanda au portier s’il ne l’avait point vu. Sire, dit le portier, sachez qu’il s’en est allé cette nuit vêtu de vieux haillons, il m’a prié de lui ouvrir la porte et est parti ; je ne l’ai pas vu depuis. Regnaut connut bien alors que Maugis s’en était allé parce qu’il ne voulait pas essuyer le courroux du roi. Il se mit à pleurer, puis s’en retourna auprès des barons et leur raconta comme Maugis en était allé. Richard dit : Ah ! cousin, que ferons-nous désormais, puisque nous vous avons perdu ! nous pouvons dire que nous sommes vaincus, car vous étiez notre espérance. Si vous avez enduré des peines et encouru la disgrâce du roi, ce n’est que par amitié pour nous.

Alors il grinça les dents de colère, mit la main à l’épée et voulut tuer le roi ; mais Roland l’empêcha, Oger et le duc Naimes lui dirent : Ô Richard ! ce serait bien mal agir de tuer un homme