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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/225

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n’ont plus de vivres, et que vous ne lèverez pas le siège que vous ne les ayez affamés ; je vous assure que vous y serez bien longtemps. Sire, je vous supplie de vous en rapporter à mon avis, s’il est bon ; faites d’abord attention à la politesse que Regnaut vous a faite ; car si ce n’eût été lui, personne au monde n’aurait pu empêcher que Richard son frère ne vous eût tranché la tête. De plus, pensez à la grande humilité dont il s’est toujours servi, à la confiance qu’il eut en vous quand il vous donna son cheval qui n’a pas son pareil au monde. Si vous réfléchissez bien à tout, vous verrez que jamais homme ne vous fit tant de générosité que lui ; d’ailleurs c’est qu’ils sont tous, comme l’on sait, vaillans chevaliers. Je vous jure, Sire, sur tous les saints, qu’avant que vous preniez Montauban, ses gens et lui vous feront tant de mal, que vous vous en souviendrez. De plus, vous devez considérer que nous ravageons les champs, et que vous dépenserez votre argent ; il vaudrait mieux que vous l’employassiez à faire la guerre contre les Sarrasins, que de l’employer sur les quatre fils Aymon ; les Sarrasins sont en repos et en grande joie à l’occasion de cette guerre, car si la guerre leur manque, nous l’aurons à soutenir, et elle est si cruelle et si terrible, qu’il y est mort plusieurs nobles chevaliers. Charlemagne fut bien étonné quand il entendit le duc Naimes lui parler ainsi : tout son sang lui frémit dans ses veines, et il devint pâle, tant il était transporté de colère ; il se mit à regarder Naimes de travers et lui dit par dépit : Duc Naimes, par la foi que je dois à mon Dieu, s’il y a personne assez