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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/233

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Dieu, ne souffrez pas que vos enfans et votre épouse périssent par la famine, ainsi que nous. Lorsque Regnaut entendit ainsi parler son frère, son cœur s’attendrit et dit en pleurant : Mes frères, puisque vous voulez que Bayard meure, je vous prie de le tuer. Quand ils furent tous d’accord de tuer Bayard, il allèrent à l’écurie et le trouvèrent qui jetait un grand soupir. Quand Regnaut vit cela, il dit qu’il se tuerait lui-même avant que Bayard périt, parce qu’il lui avait sauvé la vie plusieurs fois. Les enfans de Regnaut entendant cela, s’en retournèrent au près de leur mère en pleurant de la grande faim qu’ils souffraient. Quand Regnaut vit que ses enfans s’en étaient allés, il vint vers Bayard et lui donna un peu de foin, car il n’avait autre chose à lui donner ; ensuite il vint vers ses frères et trouva Allard qui tenait son neveu Aymon qui pleurait. Richard tenait Yon et Guichard la duchesse qui était pâmée ; il leur dit : Ah ! pour Dieu, je vous prie de prendre courage jusqu’à la nuit, alors je vous promets que nous aurons à manger. Frère, dit Allard, il nous faut souffrir malgré nous. Les chevaliers attendirent patiemment ; et quand la nuit fut venue, Regnaut dit : Frère, je vais parler à notre père pour voir ce qu’il me dira, et s’il nous laissera mourir de faim. Frère, dit Richard, je veux y aller avec vous, et vous en serez plus assuré. Mon Frère, dit Regnaut, n’y venez pas, je veux y aller tout seul ; et si je ne vous apporte pas à manger, je vous livrerai Bayard. Il sortit hors de Montauban le plus secrètement qu’il put et s’en alla à la tente de son père ; il la connaissait pour l’avoir vue de