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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/234

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jour de dessus la grande tour. Il trouva le duc Aymon seul hors de sa tente, qui était en attente pour savoir s’il aurait de nouvelles du château de Montauban. Quand Regnaut vit son père, il lui demanda où il allait et à qui il était. Aymon entendant parler Regnaut, le reconnut et fut bien satisfait, mais il ne le fit pas paraître et lui dit : Toi même qui es-tu qui marche à cette heure si haut monté ? Regnaut entendant ainsi parler son père, le reconnut et lui dit : Sire, pour Dieu, ayez pitié de nous, car nous mourons de faim ; tous mes gens sont morts, et nous n’avons plus que Bayard qui ne mourra pas tant que je vivrai, car il a plusieurs fois sauvé la vie à mes frères et à moi : je vous supplie d’avoir pitié de mes enfans. Mon fils, dit Aymon, je ne puis pas vous aider, allez vous-en, car je vous ai laissés et je ne puis me parjurer pour telle chose qui soit au monde : par cette raison, je ne puis vous secourir et j’en suis fâché. Mon père, dit Regnaut, vous avez tort, ne vous en déplaise, car si vous ne nous secourez, sachez que dans trois jours ma femme, mes enfans, mes frères, et moi nous mourrons de faim, il y a déjà trois jours que personne de nous n’a mangé, et nous ne savons que faire : Vous êtes notre père, ainsi vous devez nous soulager, je sais bien que si le roi nous tient, il nous fera pendre, et ce ne sera pas un honneur pour vous, vous ne devez pas nous laisser, c’est la loi naturelle. Au nom de Dieu, mon père, ayez pitié de nous et ne soyez plus irrité contre vos enfans, ce serait trop de cruauté. Vous savez que Charlemagne a bien grand tort de nous persécuter