Aller au contenu

Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semble ; nous ne mourrons point de faim, car je sais bien mendier ; et moi aussi, répondit Regnaut. Quand la dame vit que les pélerins se faisaient tant d’amitié, elle pensa qu’ils avaient eu quelque affaire ; alors elle leur dit : Je vois bien que vous vous connaissez ; je vous prie de me dire qui vous êtes et d’où vous venez ? Dame, sachez que nous sommes deux pauvres gentilshommes qui sommes bannis de France, et il faut que nous allions outre mer avec les habits que vous voyez. Nous sommes cousins germains, et nous ferons voyage ensemble, s’il plaît à Dieu. La dame en fut joyeuse, et fit venir des vivres en quantité. Maugis qui depuis long-temps n’avait bu de vin, en but avec Regnaut. On ne pourrait s’imaginer ni dépeindre toute l’amitié que les deux cousins se témoignèrent l’un à l’autre. Quand le jour fut venu, Regnaut et Maugis se levèrent, prirent congé de la dame et se mirent en chemin. Les deux pélerins, après de grandes journées, arrivèrent à une lieue près de Jérusalem ; ils commençaient déjà à apercevoir le temple, la tour de David et une partie de Jérusalem. Quand ils virent cela, ils en furent joyeux et rendirent grâce à Dieu de ce qu’ils étaient arrivés jusqu’à la sainte cité. Ayant fini leurs prières, ils se mirent en chemin pour entrer dans Jérusalem ; mais ils eurent à peine marché qu’ils aperçurent un camp autour de la ville. Tout vis-à-vis de la tour de David, il y avait plusieurs tentes et pavillons chrétiens, qui étaient venus pour détruire l’amiral de Perse qui tenait Jérusalem assiégée. Regnaut s’arrêta et dit à Maugis : Cousin, quels