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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/98

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gnaut est franc, et il ne me trahira pas. Sire, dit un ancien chevalier, si vous voulez me croire, je vous donnerai un moyen pour être toujours votre maître et ne rien appréhender de la part de Regnaut. Quel est ce moyen, lui demanda le roi ? C’est de lui donner votre sœur en mariage ; elle sera très-bien avec lui, car il est honnête chevalier. Ami, répondit le roi, vous me donnez un bon conseil, je le suivrai certainement. Le roi Yon s’en retourna à Bordeaux fort content, et le premier jour du mois de mai, Regnaut alla de Montauban à Bordeaux pour voir son frère Allard qui vint au-devant de lui. Quand ils furent montés au palais, le roi demanda des échecs pour jouer contre Regnaut, et comme ils jouaient, un ancien chevalier, nommé Godefroid de Moulins, qui était chargé de faire le mariage de Regnaut avec la sœur du roi, vint dans la salle et dit : Seigneurs, écoutez-moi : Je songeais la nuit passée que Regnaut, fils du duc Aymon, était monté sur un puits, que tout le peuple de ce royaume s’inclinait devant lui, et le roi lui donna un épervier ; il y passa aussi devant la Gironde un si affreux sanglier, que personne n’osait approcher ; mais Regnaut vint et le tua : alors je m’éveillai. Il vint ensuite un clerc nommé Bernard, qui dit : Seigneur, si vous daignez m’écouter, je vous ferai l’explication de ce songe ? Le puits où Regnaut était monté est la forteresse qu’il a fait bâtir ; le peuple qui s’inclinait devant lui sont les habitans de ce royaume ; le don du roi, c’est sa sœur qu’il lui donne en mariage ; le sanglier, c’est un prince chrétien ou païen qui viendra attaquer le roi, et Regnaut le défendra : voici