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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/103

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Philosophiques.

& voyons pourquoi ils exigent, dans la fable, une unité plus précise & plus scrupuleuse.

Premièrement, la poésie, étant une espece de peinture, nous rapproche davantage des objets que toute autre sorte de récit ; elle met ces objets dans un plus grand jour, elle dessine plus distinctement ces circonstances légères, qui, quelque superflues qu’elles paroissent à l’histoire, servent pourtant beaucoup à animer le tableau & à charmer l’imagination. S’il n’étoit pas fort nécessaire qu’Homere, à chaque fois que son héros boucle les souliers & attache ses jarretières, nous en avertît, je ne sais, d’un autre côté, si l’auteur de la Henriade n’auroit pas dû entrer dans de plus grands détails, il passe sur des événemens avec une rapidité qui nous laisse à peine le loisir de prendre connoissance de l’action & de la scene. Si, donc le poëte vouloit embrasser dans son sujet un grand espace de tems, ou une longue suite d’événemens ; s’il vouloit déduire la mort d’Hector de ses causes les plus éloignées, reprendre les choses depuis le rapt d’Hélene, ou depuis le