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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/174

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Essais.

tuellement fournis aux sens, par où elle commence, rend l’idée de la flamme beaucoup plus vive, que ne seroit une de ces chimères vagues qui ne sont que flotter sur la superficie de l’imagination. Cette idée naît immédiatement, l’ame y passe dans un instant, & lui transporte toute la force de l’impression sensible dont elle est partie. L’idée de la douleur peut me venir accidentellement, après qu’on m’aura présenté un verre de vin ; mais cette idée sera bien autrement vive, lorsque je verrai la pointe d’une épée appliquée sur ma poitrine. Y en a-t-il une autre raison que l’habitude où nous sommes de passer du premier objet, qui est présent, à l’idée du second, que cette même habitude en a rendu inséparable ? C’est là en quoi consiste tout le procédé de l’ame par rapport aux réalités existantes & aux choses de fait ; & il est assez agréable d’avoir pu éclaircir ce sujet par quelques analogies. Concluons donc que les idées tirent toute leur force & toute leur solidité de ce passage qui commence par des objets présens.