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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/290

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Essais.

aurions tort de nous plaindre de l’expérience ; qui, pour l’ordinaire, nous instruit de sa propre incertitude par cette contrariété d’événemens qu’elle expose à la vue des observateurs attentifs. Tous les effets ne suivent pas également de leurs prétendues causes : il y a des événemens qui, dans toutes les contrées & dans tous les siecles, ont été constamment trouvés unis, dans d’autres, on a vu plus de variété, & ils n’ont pas toujours répondu à l’attente. Ainsi, dans nos raisonnemens sur les matieres de fait, il y a tous les degrés imaginables de certitude, depuis l’évidence complexe jusqu’à la moindre probabilité morale.

Le sage proportionne sa foi à l’évidence. Quand une expérience infaillible soutient sa conclusion, il attend l’événement avec la derniere assurance, l’expérience du passé faisant chez lui une preuve complexe par rapport à l’avenir. En est-il autrement ? Il use de plus de précautions : il pese les expériences opposés : il considere de quel côté il s’en trouve le plus grand nombre ; c’est de ce côté-là qu’il panche en doutant & en hésitant : & l’évidence qui fixe à la fin son