Aller au contenu

Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
Philosophiques.

térêts d’une si sainte cause : ou lors même que cette illusion n’aura pas lieu, la vanité, excitée par une aussi forte tentation, opérera sur lui plus puissamment qu’elle ne fait sur le reste des hommes dans d’autres conjonctures, & l’amour-propre agira du moins avec une force égale. Ceux qui l’écoutent pourront ne point avoir, pour l’ordinaire, n’auront pas assez de jugement pour apprécier l’évidence de son rapport ; ou, s’ils en ont quelque peu, ils y renoncent par principes, dès qu’il s’agit de sujets aussi sublimes & aussi mystérieux : & supposé qu’ils voulussent en faire usage, les passions & la chaleur de l’imagination en troubleroient bientôt l’exercice. La crédulité d’une part augmente l’impudence de l’autre ; & l’impudence à son tour subjugue la crédulité[1].

  1. Voilà un portrait admirable des partisans de la religion. Quand on prend la liberté de dépeindre au naturel les libertins, qu’on met dans son véritable jour l’inconséquence de leurs raisonnemens, & l’extravagance de leur conduite ; quand on insiste sur leur aveuglement volontaire, sur leur folle obstination ; ils se récrient à l’injustice, à la persécution, ils exigent des égards & des ménagement. Et tel est ensuite