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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/344

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Essais.

quillité du gouvernement, je me flatte que vous nous renverrez, sans autre forme de procès, à nos écoles, pour y discuter à loisir la question la plus sublime, mais en même-tems la plus abstraite de toute la philosophie.

Vos philosophes religieux, peu satisfaits de la tradition de leurs peres & de la doctrine de leurs prêtres, auxquelles j’acquiesce très volontiers, se laissent aller à une téméraire curiosité, ils essayent jusqu’où ils pourroient établir la religion sur les principes du raisonnement : par-là ils excitent, au lieu de les lever, tous ces doutes qui naissent naturellement d’une recherche trop scrupuleuse. Après avoir peint des plus magnifiques couleurs, l’ordre, la beauté, & le sage arrangement de l’univers, ils demandent si ces admirables indices d’intelligence & de sagesse pourroient être l’ouvrage du concours fortuits des atomes ; si le seul hasard pourroit avoir produit ce que le génie le plus sublime ne peut jamais admirer dignement. Je n’examinerai point la justesse de ce raisonnement ; je lui accorderai toute la solidité que mes an-