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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/387

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Philosophiques.

Seconde Partie.

Tenter de détruire la raison par le raisonnement, c’est ce qui paroît d’abord une entreprise fort extravagante ; c’est cependant là le grand but que se proposent les sceptiques dans leurs recherches & dans leurs disputes, Ils tâchent de trouver des objections, & contre les raisonnemens abstraits, & contre ceux qui se rapportent aux choses de fait, aux objets existans.

La principale objection contre tous les raisonnemens abstraits se tire de la nature de l’espace & du tems : ces sujets, qui paroissent clairs & intelligibles dans la vie commune & aux esprits superficiels, ne sont pas plutôt mis à l’épreuve des sciences profondes, dont ils sont les principaux objets, qu’ils conduisent à des notions pleines d’absurdités & de contradictions. Jamais prêtres, dans l’intention d’apprivoiser & de subjuguer notre raison rebelle, n’inventa de dogme qui choque davantage le sens commun, que le fait la doctrine d’une étendue divisible à l’infini, avec toutes ses conséquences, telles que tous