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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/480

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Les quatre.

toutes les voluptés sensuelles. Les personnes qui pensent le moins, doivent pourtant avoir reconnu que tous les tours d’esprit ne sont pas également propres à faire notre bonheur ; qu’il y a telles passions & telles humeurs qui nous plaisent, pendant que telles autres excitent notre aversion. Et, en effet, toute la différence de nos situations dépend de l’ame ; il n’y en a aucune qui, par elle-même, mérite notre préférence. Le bien & le mal, tant naturel que moral, ne sont qu’une affaire de goût & de sentiment. Si nous pouvions, à notre gré, changer ce sens interne, ce seroit le moyen assuré de n’être jamais malheureux : le mal n’auroit plus de prise sur nous ; nouveaux Protées, nous éluderions toutes ses attaques par un changement de forme continuel.

Mais la nature nous a privé de cette ressource. La constitution de nos ames n’est pas plus en notre choix que la structure de nos corps ; & le gros des hommes ne se figure pas même que l’on pût gagner quelque chose à en disposer. Comme un courant suit les diverscs pentes du terrain qu’il arrose, le