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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/83

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Philosophiques.

Ces différens degrés de force & de vivacité deviennent une marque distinctive, par laquelle toutes nos perceptions se séparent en deux classes. On nomme communément les perceptions moins fortes & moins vives, idées ou pensées: la seconde espece n’a point encore reçu de dénomination commune, ni dans notre langue, ni dans la plupart des autres ; cela vient, si je ne me trompe, de ce qu’une pareille dénomination n’est d’usage que pour des vues philosophiques. On me permettra d’user ici d’une petite liberté, & de les nommer impressions, en employant ce terme dans un sens un peu différent de celui qu’on a coutume d’y attacher. Je comprends donc sous ce terme d’impression toutes les perceptions qui ont un certain degré de force, comme sont celle de l’ouïe, de la vue, & du toucher ; & j’y joins aussi l’amour, la haine, le desir, & la volition. En opposant les idées, aux impressions, j’entends par idées les perceptions les moins vives dont nous soyions affectés, perceptions que l’ame éprouve lorfqu’elle se replie sur ses sensations.