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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/164

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CERTAINS

l’horrible, la malade du monstrueux, le pica du laid ! — Et je ne parle pas des redoutables étalages des pendules artistiques Louis XIII, fabriquées par des négociants dont l’extermination lente et compliquée me serait douce !

J’en arrive à regretter, en fait de tapisseries et de décor, les donjons et les chasses des stores autrefois appendus chez les charcutiers ; oui, je regrette le buste d’Hippocrate sur un socle de marbre brèche ; je regrette le ruisseau de verre filé qu’éventait un balancier ; je regrette tout, depuis la naïveté bébête et le mauvais goût certain de l’acheteur, jusqu’à l’hébétude souriante du fabricant ; car, en somme, ces pauvretés ne gâtaient rien et surtout ne contaminaient point, sous prétexte d’art appliqué à l’industrie, les œuvres originales de Musées que l’État devrait bien défendre !

J’ajouterai que ce projet insulte Notre Industrie Nationale qu’on déclare incapable de découvrir une forme quelconque et qu’on invite formellement, par la voie de la presse, à venir pasticher les objets qu’on exposera dans des vitrines. Il est vrai que lorsqu’elle invente quelque chose, Notre Industrie, elle décèle tout