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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/165

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LE MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS

aussitôt les instincts raffinés d’une Caraïbe ; le plus surprenant spécimen qui se puisse citer à ce sujet s’étale dans une montre du Palais-Royal, chez un bijoutier. Cela représente la pendule du « Maître de Forge » et se compose d’un marteau-pilon d’acier qui monte et descend, au-dessous du cadran dont les aiguilles sont des lancettes ! Il est certainement malaisé de descendre plus bas dans l’abject et dans l’atroce, mais quelle collection d’art épurera le goût de l’homme qui a pu, sans se vomir, édifier une telle chose ? — À ce point de vue encore le Musée des Arts Décoratifs est inutile. Un industriel a du goût ou n’en a pas ; la prétention d’inculquer le sens esthétique à un commerçant est dérisoire. Ainsi que je l’ai dit plus haut, le seul résultat que nous puissions attendre de la gaveuse artistique que l’on médite, c’est la honte caricaturale et le dégoût de l’œil sain pour le modèle qu’il s’est longtemps plu à contempler.

Cette question du Musée des Arts Décoratifs mise à part, j’arrive à celle des ruines du Conseil d’État et de la Cour des Comptes.

Certes, jamais monument plus laid ne fut élevé. C’était poncif, pompier, coco, buffet, patriarche,