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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/262

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MISS VEUVE.

Un léger ronronnement se produisit, puis des déclics se firent entendre. Les Polonais eurent l’impression que le plancher s’appliquait plus fortement contre leurs pieds, et le doktor d’une voix calme, murmura :

— Nous sommes en route.

Du doigt, il désigna l’appareil enregistreur de l’altitude. Berski lut ce chiffre :

— 125 mètres.

— Cela suffit pour rester invisible, fit doucement Herr Listcheü. Voyons un peu la figure des espions.

Avant que ses interlocuteurs eussent pu saisir le sens de cette phrase énigmatique, l’écran dont il avait été usé pour déterminer le point d’atterrissage, se déroulait à nouveau. Et sur la toile blanche se réfléchissait le terrain situé au-dessous de l’aéroplane. On discernait le lac, l’enclos que Vaniski quittait sans espoir de retour, la fourragère-cabane. Mais le paysan eut un cri :

— Là, là, tenez, ils sont entrés.

En effet, plusieurs silhouettes humaines s’agitaient dans le terrain entouré de planches. Deux énormes chiens, en qui l’on reconnaissait des dogues féroces de Silésie, devaient aboyer désespérément, le museau en l’air, pointé vers les étoiles.

— En ! eh ! ricana le doktor, les animaux sont plus fins que les hommes. Ils savent, eux, par quel chemin nous leur avons échappé. Les hommes ne comprendront jamais.

Puis actionnant un commutateur.

— Mais hâtons-nous. Il s’agit d’arriver chez vous, monsieur le Professeur, avant que les policiers n’y paraissent.

Alors, le paysage se prit à se déplacer sur l’écran. En une minute, le lac, la misérable propriété de Vaniski, disparurent. Un enchevêtrement de collines, des dépressions occupées toutes par des lagons aux ondes argentées, des bois, des cultures, se succédèrent.

L’aéroplane dominait cette banlieue de Posen, si gracieuse, si pittoresque, véritable paradis dont la méchanceté des hommes a fait un enfer. Et puis, un brouillard rougeâtre annonça le voisinage de Posen. L’éclairage de la cité se réfléchissant sur le ciel.

Listcheü avait pris un carnet dans un coffre. Il l’avait ouvert et lisait cette indication :

— Plan de la ville de Posen. Où demeurez-vous, monsieur le Professeur ?

— 17, Schstess Strasse, à côté du Gymnase Frédéric-Guillaume.