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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/132

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Mais l’épreuve commençait.

Autour du patient, le sacrificateur Oraï, suivi comme en un cotillon sacré, par plusieurs prêtres aux robes rouges, violettes et bleues, exécutait une marche circulaire, rythmée par un chant monotone.

Cela dura quelques minutes.

Soudain, la théorie sacerdotale s’arrêta, le chant cessa.

Oraï s’inclina successivement vers les quatre points cardinaux, puis s’adressant à Niclauss.

— Homme, dit-il, tes oreilles sont-elles ouvertes à la parole de M’Prahu ?

— Elles sont ouvertes, répondit l’Allemand, d’une voix mal assurée.

— Voici ce que le maître des volcans a décidé.

Puis, en psalmodie :

— D’abord, l’être sera l’enfant privé de force, privé de pensée, privé de valeur. Puis le temps ayant marché de par le monde, une aube luira dans l’Être, jetant la lumière dans les ténèbres des replis de son esprit. Et l’Être se dressera, et il étendra la main vers les chefs en criant : « Mon enfance est achevée, je veux brandir le glaive du guerrier pour attaquer les méchants, pour défendre les bons et les faibles.

Le prêtre changea de ton :

— Est-ce le glaive de justice que tu souhaites ?

— Oui, fit encore Gavrelotten d’un ton tremblé.

Au vrai, toute cette cérémonie l’impressionnait horriblement. S’il n’avait senti, fixés sur lui, les yeux de Fleck qui s’était placé au rang des curieux, le jeune homme aurait certainement renoncé à l’épreuve et, sans hésiter, se serait remis en route vers l’habitation de François Gravelotte.

Mais Fleck était là, Albin également. Par respect humain, l’Allemand essaya de faire bonne contenance.

— Tu le veux, reprit Oraï. Il sera fait selon ton désir. Mais sache qu’un abîme existe entre l’enfant timide et le guerrier. Pour le premier, la mère n’a que caresses, soins tendres ; le chagrin, la souffrance, sont écartés de sa voie. Pour le guerrier, c’est le contraire. Plus de prévenances qui amollissent le brave. La terre suffit à son sommeil, des aliments