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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/53

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— Va, mignonne. Je ne demande qu’à être convaincu.

Et, en aparté, il ajouta :

— C’est égal. M’Prahu est un malin de t’avoir choisie comme avocat.

Sans se douter de cette restriction mentale, Daalia expliquait :

— Avec votre permission, père, je me rendis au temple d’Audelang. Le sage Miria-Outan me reçut comme une enfant de sa race, et quand je lui eus confié le but de ma visite, il demeura un instant absorbé, réfléchissant.

— Bon, soliloqua le planteur… Je conçois la réflexion pour arriver a pareil imbroglio !

Mais son visage resta impassible et sa fille continua :

— Daalia, me dit-il enfin, toute lumière vient du livre saint M’Prahubattaëva, consultons-le ensemble.

« Il prit un vase de terre, y versa de l’eau, y jeta quelques grains de maïs, deux bâtonnets d’encens, des fèves du vanilier, puis il versa le tout devant l’autel du dieu.

« Après quoi, il s’approcha du Livre, que supporte un pupitre de bois d’arek, sculpté en la forme d’un tigre dressé.

« — Jeune fille, prononça-t-il sans me regarder, retire une épingle de ta coiffure et enfonce-la dans la tranche du M’Prahubattaëva.

« J’obéis.

« Il ouvrit à la page marquée par la tige métallique et lut :

« — Alors M’Prahu, maître des êtres qui peuplent le Ciel, la Terre et les Eaux, voulut associer à son pouvoir une compagne digne de lui, et ses yeux s’arrêtèrent sur Liamanna, fille de Solok, la plus gracieuse à la danse, la plus parfaite en beauté.

« Mais à sa requête elle répondit :

« — Avec un peu de lave et de glaise, tu as pétri le monde, mais pour conquérir l’âme de Liamanna il faut plus encore.

« — Et quoi donc, demanda le dieu étonné ?

« — Créer les huit vertus du guerrier qu’en rêve un génie inconnu m’a désignées.