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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/54

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« À cette réponse, M’Prahu vit bien que son choix avait l’assentiment des puissances de l’espace, et il continua d’interroger celle qui était chargée de lui faire entendre la voix des infinis lointains.

« — Quelles sont ces vertus ?

« Et Liamanna répliqua :

« — Les huit vertus sont :
xxx « La patience ;
xxx « Le mépris de la souffrance et de la mort ;
xxx « Le savoir ;
xxx « La ruse ;
xxx « La volonté ;
xxx « La mémoire ;
xxx « L’autorité ;
xxx « La douceur au campong[1].

« — Et comment les créerai-je, questionna encore M’Prahu ?

« — Quand tu m’auras rencontrée huit fois sans me reconnaître, elles existeront.

Daalia s’interrompit une seconde, puis doucement :

— Père, je ne vous conte pas par le menu les huit incarnations de Liamanna et comment les vertus du guerrier prirent naissance.

« Je restais là, en face du Livre, ne comprenant pas. Alors Miria-Outan s’écria :

« — C’est la Sagesse même qui a conduit ta main, jeune fille. L’oracle a prononcé. De ton fiancé, il faut exiger les huit vertus. Il faut le soumettre aux huit épreuves, imiter les huit incarnations de la divine Liamanna.

« Voilà pourquoi, cher papa, les sept Battas qui tiennent tes comptoirs éloignés, se sont transformées en épouses ; pourquoi, ma vieille nourrice Rana est devenue ta huitième compagne ; pourquoi enfin le cousin, que tu me destines, ne sera mon époux que s’il triomphe des huit épreuves.

— Eh bien, il aura de l’agrément.

Elle eut un sourire mélancolique.

— J’ai juré sur le livre sacré, père, ne l’oublie pas. Et d’après la loi de M’Prahu, si je manquais a ce serment, soit pas ma faute, soit par celle de tout

  1. Campong, habitation indigène en Malaisie.