état, où vous seriez contrainte de vous décider, soit pour les dollars, soit pour les titres nobiliaires.
— Je ne comprends pas.
— J’explique alors. Pour que vous arriviez à cet état désiré, il fallait que votre père, que vous-même, fussiez ruinés.
Elle eut un éclat de rire perlé :
— Oh ! si vous ne trouvez pas mieux…
Il l’interrompit :
— Je n’ai pas besoin de mieux, car ma pensée était bonne ; si bonne que je l’ai réalisée…
— Vous avez réalisé quoi ?
— Votre ruine.
La jeune fille tressaillit. Ses yeux semblèrent s’agrandir en une muette interrogation.
— Vous savez, miss, reprit imperturbablement Orsato, qu’Ézéchiel Topee avait réalisé toute sa fortune, pour accaparer le cuivre enfermé dans ses cavernes de Swift-Current ?…
— Oui, mais bien loin de le ruiner, l’opération triplera, quadruplera sa situation.
— Triplerait, quadruplerait, miss… ces verbes mirifiques doivent s’employer au mode conditionnel…
— Parce que…
— Parce qu’ils n’auraient leur bienfaisant effet que si ce digne Topee vendait le stock de cuivre amassé par lui.
— Eh bien ?
— Pour le vendre, il faut l’avoir.
— Il me semble…
— Il vous semble mal… Il ne l’a plus.
— Comment, il ne l’a…
— Par la raison péremptoire que d’habiles voleurs ont emporté tout le stock et que les grottes de Swift-Current sont vides.
Un instant Laura considéra son interlocuteur avec une expression où il y avait plus de surprise que de regret, puis elle haussa les épaules :
— Voilà une imagination ridicule.
— Non, miss, une réalité navrante.
— Jamais je ne croirai cela…
— Sans le voir… Vous le verrez, ma chère miss ; ma visite actuelle a pour but de vous déclarer que vous serez libre de vous rendre auprès de