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Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/256

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CHAPITRE XIV

AUSTERLITZ MAIS TRAFALGAR


Contre le sacre de l’usurpateur, Louis XVIII avait protesté hautement. Joseph de Maistre, à Saint-Pétersbourg, parlait de la « hideuse apostasie » de Pie VII, Le futur auteur du Pape s’emportait jusqu’à écrire : « Quand une fois un homme de son rang et de son caractère oublie à ce point l’un et l’autre, ce qu’on doit souhaiter ensuite, c’est qu’il achève de se dégrader jusqu’à devenir un polichinelle sans conséquence. » Le pontife se relèvera bientôt de ce jugement passionné et de ce vœu formé dans la colère. Il s’était abusé sur le bien que l’Eglise pouvait attendre d’une alliance avec le nouveau Charlemagne. L’empereur n’avait pas moins d’illusions quand il se croyait devenu inviolable dans sa personne « sacrée ». Mais, sur l’heure, à quoi servaient les protestations, solennelles ou véhémentes ? À rien de plus contre Napoléon que, plus tard, ne devaient, servir à Napoléon lui-même ni l’onction, ni son entrée dans l’Olympe des rois. Des souverains de race antique l’avaient tout de suite reconnu et l’appelaient leur frère. D’autres le reconnaîtraient encore, le serreraient dans leurs bras, le recevraient dans leur famille, sans que rien fût changé à l’essentiel, sans que rien fût fait, Car rien ne serait obtenu tant que l’Angleterre n’aurait pas accepté, non seulement l’Empire, mais tout ce que l’Empire représentait et ce que l’empereur avait