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Page:Janin - Les catacombes, tome 3.djvu/215

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L’ABBÉ CHÂTEL

boutiques étaient louées pour ce jour de schisme. Quand le bazar fut vide on le couvrit de tentures louées aussi à l’entreprise des Pompes funèbres ; on éleva un autel blanc sur ces tentures noires, on alluma des cierges dans des flambeaux de cuivre, on cacha la lumière du jour, on fit un sanctuaire tant bien que mal, on décrassa des enfants de chœur ; l’abbé Châtel eut des acolytes ; il entra avec ses deux acolytes, les mains jointes, tous les trois en grandes robes de prêtre, en chasubles et alors la messe commença.

J’assistais à cette messe ; j’y étais venu avec une parente à moi, une femme pieuse de ma ville dévote. Elle regardait cette profanation en rougissant. Le prêtre était à genoux, les assistants étaient debout. Je puis dire que cette messe, dite en français, parut à tous plus inintelligible mille fois que la messe latine. C’était chose bizarre en effet d’entendre ce prêtre en surplis, en aube blanche, se retourner vers nous et nous répéter, à douze ou quinze