Aller au contenu

Page:Jarry - Les jours et les nuits, 1897.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gares, par une route matinale de genêts, ocellée des croissants de petits scorpions noirs.

Il ne revint jamais à Sainte-Anne, mais passa, en wagon, plusieurs fois devant la pancarte blanche et bleue indiquant le bourg. La nuit, une distance avant et une distance après, le bourg l’appela par le bruit de mer d’un pérennel trinqueballement de cloches ; le jour, levaient les doigts vers lui une multitude de petits ifs de Noël, tout pareils par leurs vergues retroussées à une forêt de chandeliers à sept branches du temple de Jérusalem.

Et il se souvenait d’une foule de choses qu’il avait vues à Sainte-Anne et qui n’y avaient jamais été, comme d’une Mort-Saint-Innocent, la tête en forme de massue de sauvage, avec qui il avait de longs pugilats en rêve, dans un inexistant caveau de la basilique.