Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/376

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régiments de la garde impériale. Dès lors, il avait sous la main 300 000 hommes, et l’armée destinée à opérer sur le Danube fut divisée en trois corps principaux : le premier, sous les ordres de Davoust, devait se réunir à Ratisbonne ; le second, sous les ordres de Lannes, devait se concentrer à Augsbourg ; le troisième, commandé par Masséna, devait se réunir à Ulm.

Les réserves de cavalerie étaient placées sous le commandement de Bessières ; Augereau, Lefèvre et Bernadotte étaient à la tête des contingents fournis par la Confédération germanique.

C’est le 13 août 1809 que Napoléon quitta Paris pour prendre le commandement suprême et, le 16 au soir, il était installé en son quartier général de Donaverth, où Berthier l’avait précédé.

Le 19, l’armée autrichienne était coupée en deux, du côté de Ratisbonne, par un habile mouvement du maréchal Davoust, et le 20 s’engage la bataille d’Abensberg. après laquelle les Autrichiens, culbutés par l’élan irrésistible des troupes de Lannes, se retirèrent de l’autre côté de l’Isar.

Le même jour, la cavalerie de Bessières assure la prise de la ville de Landshut.

Telles furent les opérations préliminaires qui préparèrent la décisive bataille d’Eckmühl (22 août).

Plus de cent mille Autrichiens étaient là, en position, sous les ordres de l’archiduc Charles. Les corps de Lannes, de Davoust, de Lefèvre se précipitèrent à l’assaut avec furie, et une charge de cavalerie autrichienne fut impuissante à arrêter la débâcle. L’archiduc Charles dut s’enfuir en laissant entre nos mains plus de dix mille prisonniers, et six mille morts et blessés sur le champ de bataille.

Ce jour-là, deux mille Français payèrent de leur vie la joie de fournir à l’empereur un nouveau bulletin de victoire.

Les jours suivants, Napoléon s’empara de Ratisbonne, et, enivré par un succès si rapide, il lança à son armée une de ces proclamations orgueilleuses où se complaisait sa monstrueuse vanité :

« Soldats ! vous avez justifié mon attente ; vous avez suppléé au nombre par la bravoure ; vous avez glorieusement marqué la différence qui existe entre les soldats de César et les cohues armées de Xercès. L’ennemi, enivré par un cabinet parjure, paraissait ne plus conserver aucun souvenir de vous ; son réveil a été prompt : vous lui avez apparu plus terribles que jamais. Aujourd’hui, défait, épouvanté, il fuit en désordre ; déjà, mon avant-garde a passé l’Inn ; avant un mois, nous serons a Vienne ! »

C’était vrai : la route de Vienne était ouverte, et on oubliait, dans ce triomphe, les successifs échecs subis en Italie par le prince Eugène, les revers infligés à nos troupes, en Tyrol, par les hordes héroïques de l’aubergiste André Hofer, la défaite de Poniatowski en Pologne où Varsovie tomba aux mains de l’archiduc Ferdinand.