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Page:Joanne, Géographie de la Corse, 1880.djvu/48

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raient rivaliser avec la plupart de celles du continent si leur éloignement n’en rendait l’accès difficile.

L’eau d’Orezza jaillit en bouillonnant au centre d’une place magnifique ombragée d’arbres séculaires et construite aux temps des corvées, dans une situation exceptionnelle, au-dessus d’un torrent profond, le Fiumalto. Le voisinage de ce cours d’eau assure aux malades, même pendant l’été, une température modérée. C’est là une condition remarquable et précieuse pour tous les anémies, qui ne perdent pas à l’instant les forces acquises. L’eau d’Orezza est aujourd’hui connue du monde entier. Ferrugineuse et gazeuse, elle est très-efficace contre les affections chroniques de l’estomac, l’atonie, les maladies cutanées, la goutte, les obstructions et les hémorrhoïdes ; elle est également apéritive, diurétique et tonique. La puissance de cette eau est si grande, prise à sa source, qu’il ne faut pas en faire usage sans avoir préalablement consulté un médecin. Cette eau ne subit par le transport qu’une altération insensible.

Les eaux de Guagno alimentent un établissement thermal qui se compose d’un bâtiment central avec deux ailes en retour, d’apparence fort modeste. L’aile gauche est occupée par des piscines à l’usage des militaires malades envoyés par le gouvernement, par des cabinets de bains pour les officiers, et par des douches. L’aile droite renferme les cabinets de bains pour les malades civils. Le bâtiment central est occupé par deux grands réservoirs situés au-dessous l’un de l’autre et recevant l’eau qui coule par un jet abondant (60 litres par minute) ; la température moyenne est de 41° centigrades. On y compte 59 cabinets à baignoires, 50 piscines à 4 places, 4 à 10 places et 2 à 20 places. Le premier étage est occupé par les chambres des baigneurs, salons de réception et autres pièces au nombre de 60. L’hôpital militaire est situé un peu plus haut que l’établissement thermal. Il peut contenir 200 malades. L’eau de Guagno est claire, limpide, onctueuse au toucher ; elle exhale une légère odeur d’œufs pourris, due à la présence de l’acide sulfhydrique ; sa saveur est fade et nauséabonde ; sa température est de 51° centigrades ; elle dépose dans les bassins des filaments de glairine et de barégine ; elle est alcaline. L’analyse de ces eaux, faite en 1852 par M. Poggiale, démontre leur analogie en quelques points avec les eaux de Barèges. Plus riches en principes fixes, elles contiennent cependant près de moitié moins de sulfure de sodium. Ce ne sont donc pas absolument et seulement des eaux sulfureuses, et puisque les autres principes minéralisateurs, notamment le chlorure de sodium, sont si abondants, elles se rapprochent beaucoup des eaux salines comme celles de Bourbonne. Aussi leurs propriétés participent selon les cas, tantôt des vertus