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Page:Joliet - Les Pseudonymes du jour, 1884.djvu/21

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les articles, changea les conditions de la presse et diminua l’influence qu’elle exerçait par l’union collective de ses membres et le prestige de l’inconnu. Toutefois, la loi reconnaissait à l’écrivain le droit de dissimuler sa personnalité sous le voile plus ou moins transparent du pseudonyme. Aussi, depuis cette époque, se sont-ils multipliés, surtout dans les journaux. On peut dire, à l’honneur des écrivains français, que si le pseudonyme est un masque, il est rarement une cuirasse. Le masque tombe et l’homme apparaît, soit en face du magistrat, soit en face d’un adversaire.

« Quels que soient les motifs qui déterminent le choix d’un pseudonyme, nous n’avons pas à nous en occuper ici. Il est des noms contre lesquels le public se cabre, qu’il ne veut point entendre, d’autres qui lui entrent dans les oreilles comme un accord parfait. Il faut donc considérer un nom de convention, un pseudonyme, comme une nécessité pour qui veut le lancer dans la circulation. On ne vient pas toujours au monde en s’appelant Voltaire[1] ou Rivarol. Ces noms-là n’existent pas, on les invente.

« Ainsi qu’il est dit en tête de cette introduction, le travail que nous publions aujourd’hui dans le Fi-

  1. On n’est pas d’accord sur l’origine du pseudonyme de Voltaire. Est-ce le nom de Volterre, petit village, qui l’aura frappé par sa sonorité et sa désinvolture ? On a voulu y trouver l’anagramme de son nom, Arouet le jeune, Arouet l. j. En effet, en prenant l’u pour un v, et le j pour un i la combinaison est régulière, bien qu’un peu forcée.