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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/135

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DÉFENSE RÉPUBLICAINE


celui de Dreyfus fût jugé, c’est-à-dire d’opposer l’un à l’autre, dans l’esprit simpliste des militaires, l’ancien ministre de la Guerre et le juif. Toute nue, notre pensée était celle-ci : « Acquittez Dreyfus et, dans la joie de la vérité reconquise, on oubliera. »

On peut croire que c’était le sentiment de l’immense majorité des républicains, sauf qu’ils portaient moins d’intérêt au malheureux de l’île du Diable ; mais ce n’était pas l’idée de Dupuy. La lettre, équivoque et prématurée, de Lebret et la suite qu’il y donna, montrent à l’évidence qu’il voulait à la fois leurrer par un semblant de satisfaction les défenseurs de Dreyfus et fournir aux adversaires de la Revision l’occasion d’un facile avantage, se dégager de Mercier sans le perdre, et, par la menace suspendue sur la tête du plus grand coupable, faire recondamner l’innocent.

IV

La Chambre, le 2 juin, s’était ajournée au 5, déjà fort mécontente de Dupuy, pour tout ce qui s’était passé dans cette semaine où le hasard et lui avaient accumulé le procès de Déroulède, le triomphe de Marchand et la revision de Dreyfus, mais comptant quand même sur l’apaisement qu’il avait promis, pour le lendemain de l’arrêt, et qu’elle avait payé si cher, du dessaisissement des juges.

D’autant plus la prompte déception parut amère. L’arrêt était à peine rendu qu’une nouvelle folie parisienne remettait tout en question. Du coup, on retombait aux tempêtes.

Le rêve de la plupart des journaux eût été la guerre