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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/321

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RENNES


Monicourt, Chevilly, Guixou-Pagès, Poujol dit de Frechencourt, Ghaîsne de Bourmont et Parseval, du groupe royaliste, Brunet, Girard, Davout dit Cailly, antisémites, Georges Thiébaud, et quelques bouchers et boyaudiers de la Villette[1], il tira au jugé, comme il est presque impossible de ne pas faire en pareil cas. Aucun d’eux n’était innocent, même Thiébaud, malgré le double jeu dont on l’accusait ; mais il y en avait de plus coupables.

L’opération policière fut fixée au matin du 12 août, quelques heures avant la déposition de Mercier.

Lépine ne donna ses instructions que dans la nuit. Dès le lever du jour, ses commissaires se présentèrent au domicile des divers inculpés. La plupart s’y trouvaient, encore au lit ou à peine levés, et se laissèrent emmener sans résistance, à l’exception de Thiébaud qui refusa d’ouvrir sa porte et se sauva par les toits[2] ; Déroulède fut arrêté à sa campagne de Croissy et Sabran à Cauterets. Marcel Habert, qui avait découché, apprit de bonne heure l’arrestation de Déroulède, rédigea un manifeste et disparut. Guérin, pendant que la police faisait irruption chez sa mère, était chez une maîtresse d’où il se rendit à son fort Chabrol où la police arriva trop tard ; il déclara qu’il recevrait à coups de fusil quiconque essayerait d’en forcer l’entrée. Enfin, trois des

  1. Les frères Viollet, Sarrazin, Victor et Gaston Dumay, Severt, etc. — Des mandats d’amener furent également lancés contre Le Menuet, l’un des secrétaires de la Ligue des Patriotes, de Susini, employé d’imprimerie, Goujat dit Maillard, publiciste.
  2. Il disparut pendant deux mois et fut l’objet d’une ordonnance de non-lieu. Cité comme témoin à la Haute Cour, Thiébaud expliqua ainsi son cas : « J’ai été compris dans le complot uniquement parce que le Préfet de Police s’est dit : « Il doit en être. » Et c’est parce que j’ai été libre que je suis resté libre. » (16 décembre 1899.)