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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/413

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RENNES


Labori ne firent remarquer que cette description ne s’appliquait pas à la « concordance » de Du Paty, à l’imbécile commentaire que Picquart avait trouvé dans le petit dossier, et ils passèrent ainsi à côté de la vérité[1].

L’absence de Du Paty arrêtait les avocats à chaque pas ; leurs meilleures questions restaient sans réponse. Chamoin ayant renouvelé sa confession au sujet de la fausse version de la dépêche Panizzardi qu’il avait produite au huis clos, Mercier déclare que le frauduleux papier lui a été remis de la part de Du Paty[2] ; mais d’où celui-ci le tient-il ? avec quels éléments l’a-t-il fabriqué ? Ce second procès de Dreyfus, sans que l’un des principaux acteurs du premier fût attaché à la barre, c’était un défi au bon sens.

Il fallut pourtant se résigner à tenir les certificats des

  1. 26 août 1899. — Mercier essaya de prendre Freystætter à revers : « Le témoin a parlé des documents livrés par Dreyfus pendant qu’il était à l’École de pyrotechnie ; à quels documents a-t-il voulu faire allusion ? » Freystætter : « Je sais que cela concerne un obus. » Mercier : « Eh bien, le capitaine Freystætter est pris en flagrant délit de mensonge. » Jouaust : « Permettez… » Mercier : « L’obus Robin, auquel il est fait allusion, n’a été adopté par l’Allemagne qu’en 1895 et nous n’avons été prévenus qu’il y avait trahison qu’en 1896. » Freystætter rectifie : il n’a pas parlé de l’obus Robin ; il a dit seulement « que cela concernait un obus ». « Était-ce, demande Jouaust, le chargement de l’obus à la mélinite ? » Freystætter : « Je ne puis l’affirmer, mon colonel ; je n’affirme ici que ce dont je suis absolument sûr. » Mercier allégua alors « qu’il n’avait pu être fait état en 1894 du chargement des obus à la mélinite puisqu’à ce moment là on avait demandé à la direction de l’artillerie ce qui s’était passé pour l’obus en question, (que la direction n’avait pu retrouver le dossier, et que c’était seulement en 1897 ou en 1898 que le dossier avait été retrouvé. » Or, on, c’était Henry, comme Mercier et Gonse en étaient convenus précédemment. (11, 210.) — Voir t. Ier, 362.
  2. Rennes, II, 223, Labori : « N’avez-vous pas détenu une note de trois pages rédigée je ne sais par qui, écrite je ne sais par qui… »