« faussaire », Cernuski « faux témoin », car c’est rouvrir les polémiques, reprendre l’Affaire.
C’est ce qu’objecte Pelletan, très en verve, qui s’amuse de ces frayeurs : « Exprimez-vous le désir que les membres de cette assemblée, dans leurs conversations particulières, invitent le plus possible leurs amis à ne pas réveiller l’Affaire ?… Engagez-vous le gouvernement à proposer des lois restrictives de la liberté de réunion ou de la liberté de la presse ? »
Waldeck-Rousseau n’osa ni appuyer Chapuis ni le combattre, se résigna. Impossible de « créer un délit de cette sorte » ; l’amnistie suffit ; « le gouvernement n’a à manifester ni opposition ni préférence ».
Rarement il parut plus las, plus douloureusement attaché par le devoir au gouvernail. S’opposer à la motion de Chapuis, résister à la majorité décidée à la voter, apeurée comme aux journées les plus laides du procès Zola, c’eût été, de ses propres mains, ruiner l’œuvre, à peine commencée, de défense républicaine, ouvrir une crise, donner le pouvoir à Ribot.
C’était un parti à la fois politique (au sens vulgaire du mot) et immoral, conservateur du pouvoir républicain et corrupteur de l’idée républicaine.
Le coup de la Droite et du Centre ratait ; comment battre des gens qui refusent de se battre ?
Alphonse Humbert l’essaya. Le gouvernement nie qu’il ait travaillé à ressusciter l’Affaire ; « ce démenti est un mensonge. »
Comme il a coupé, depuis longtemps, les ponts derrière lui, il pousse son discours à fond, sous les outrages et les huées. L’article de l’Éclair, écrit sur la note de Przyborowski, est, selon toute vraisemblance, de lui. Il le porte à la tribune, l’explique, le commente, dénonce, une heure durant, les manœuvres de la Sûreté