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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/236

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

J’écrivis au juge d’instruction Leydet une lettre publique pour établir, une fois de plus, par les documents de la Cour de cassation, que la traduction de la dépêche du 2 novembre était exacte et que le texte qui en avait été produit était authentique ; Tornielli l’a déclaré formellement, au nom de Panizzardi ; je tiens du général Pelloux, alors qu’il était président du Conseil et ministre de la Guerre, que le texte conservé aux archives de Rome est identique à celui qui a été publié à Paris[1].

Jaurès joua très habilement de ces incidents : « N’êtes-vous pas las, disait-il aux députés, d’entendre accuser les grandes administrations républicaines d’être composées de faussaires et de corrompus ? Le parti républicain se laissera-t-il noyer « dans la fange de l’affaire Humbert » ? traiter impunément de parti de l’étranger ? Est-ce que la mesure n’est pas comble ? N’est-il pas temps de mettre fin à ce renouvellement incessant d’inventions imbéciles ou scélérates ? « Vous serez impuissants tant que Dreyfus restera légalement le traître. Il faut reprendre l’offensive et porter la guerre chez l’ennemi. »

La majorité radicale n’était pas « foncièrement réfractaire à la vérité[2] ». Surtout elle avait le désir de voir infliger une leçon aux nationalistes. Les résistances, devant la ténacité de Jaurès, ses assurances répétées qu’il avait appris des faits très graves, finirent par mollir. On refuse toujours de le suivre, mais on ne cherche plus à le retenir. Il n’engage que lui, sera seul battu, si l’attaque est repoussée ; mais on volera au secours de la victoire.

  1. 9 janvier 1903.
  2. Petite République du 6 avril 1903.