Aller au contenu

Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
408
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


sur papier officiel, telles qu’on les a lues[1]. » Où sont les cent autres ? celles où « la manie épistolaire de leur auteur » s’est épanchée contre André ? où Mollin, certainement, a déploré que, malgré les fiches maçonniques, André ait promu tant d’officiers dénoncés comme cléricaux, réactionnaires, anti-dreyfusards ? « Personne ne peut répondre[2]. »

Apparemment, elles étaient encore au Grand-Orient. Une dernière fois, on eût pu causer avec Vadecard.

Le lendemain (29 octobre), au Conseil des ministres, on décida le sacrifice de Mollin ; André y consentit.

Mollin l’avait vu avant le conseil, « Triste, ennuyé, nullement hostile[3] ». Il lui expliqua, par le secret maçonnique, qu’il ne l’eût point informé de sa correspondance avec Vadecard. Vers le soir, André l’appela, lui signifia « qu’il eût à quitter son cabinet et à rejoindre son régiment » ; Mollin préféra donner sa démission[4]. Selon Mollin[5], André, « fiévreux, agité », lui aurait tout de suite demandé sa démission qu’il aurait d’abord refusée. Puis, André insistant, Mollin, « fou de douleur », consent. Sur quoi, André, redevenu « froid et sec », lui donne l’ordre d’aller chercher les fiches, qui sont aussitôt brûlées ; un contrôleur dresse « un procès-verbal d’incinération[6] ».

Pour les qualité officiers que Villeneuve avait dénoncés comme des « délateurs », André les fit interroger. Ils protestèrent « qu’ils n’avaient jamais donné ou demandé à des camarades des renseignements sur

  1. Cinq ans, 330.
  2. Ibid., 331.
  3. Mollin, loc cit., 206.
  4. Chambre des députés, séance du 4 novembre 1904, discours d’André.
  5. Loc. cit., 212.
  6. Ibid., 224.