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Page:Journal asiatique, série 1, tome 2.djvu/157

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À ces mots Kaundinya se réveillant comme d’un long sommeil : Oui, s’écrie-t-il, je quitte cette fatale maison, j’y souffre les tourmens de l’enfer ; je veux me retirer dans la forêt. Mais Kapila reprenant :

« Le vice suit aussi le méchant dans la forêt, tandis qu’on peut dompter ses sens et se mortifier sans sortir de sa maison.

Celui qui évite le péché et qui sait fermer à son ame le chemin des passions, n’a pas besoin de se retirer dans la forêt ; sa maison est pour lui un lieu de pénitence.

Le malheureux remplira ses devoirs, quand il saura maintenir son ame dans une égalité parfaite, et se trouver bien en quelque lieu qu’il soit ; car tout lieu est bon pour l’accomplissement de la justice.

Ce n’est qu’en se détachant de ce monde, misérable jouet de la vie, de la mort, de la vieillesse, des maladies et de l’infortune, que l’on peut trouver le bonheur.

Que dis-je ? le bonheur n’est pas ; le malheur seul existe ; l’idée de bonheur est relative ; on ne la conçoit que par opposition au malheur. »

Hélas ! s’écrie le vieillard affligé, il n’est que trop vrai ! Et se retournant vers moi, il me maudit en ces termes : « Dès ce jour tu porteras sur ton dos des grenouilles. » Cependant les sages conseils de Kapila avaient, comme un doux nectar, éteint en son ame le feu de la douleur. Il se retira dans la forêt après avoir accompli les cérémonies voulues par la loi [1] ;

  1. Il y a dans le texte, il prit le bâton, conformément à ce qui est commandé par la loi ; c’est-à-dire qu’il renonça aux soins du monde pour mener la vie d’un brahma-tcharî (homme qui marche en