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MARS-AVRIL 1895.

messagers n’ont pas été si difficiles et menace de lui faire trancher la tête ; nouveau refus. Alors elle se meurtrit avec ses ongles, se constitue malade, et quand le roi arrive, lui apprend qu’elle a été violée par le Purohita[1]. Celui-ci est immédiatement livré aux exécuteurs chargés de le décapiter ; pendant qu’ils le conduisent au lieu du supplice, il leur dit qu’il a des révélations à faire, un trésor caché à exhiber, qu’il faut le mettre en présence du roi. Les exécuteurs l’écoutent ; il est conduit devant le roi et lui fait savoir toute la vérité. L’épouse criminelle ayant avoué, le roi furieux fait enchaîner tous les coupables et donne l’ordre de trancher immédiatement la tête aux soixante-quatre messagers. Alors le Purohita intercède pour eux, disant que la reine seule est la vraie coupable ; mais il intercède aussi pour elle, appliquant à tout le sexe le mot sanglant de Juvénal sur Messaline : Non satiata viris[2]. Le roi fait grâce, et le Purohita va mener dans la région de l’Himavat une existence de Ṛṣi qui le fait arriver au monde de Brahmâ. — Le roi ici était Ananda ; mais la reine adultère était Ciñca-mânavikâ.

Je ne ferai pas toutes les remarques que peut sug-

  1. Racine, dans la préface de Phèdre, fait remarquer que son Hippolyte n’est accusé que de tentative de viol, tandis que celui d’Euripide et de Sénèque est accusé d’un acte consommé. Les Jatakas 120 et 472 nous offrent l’une et l’autre version ; seulement dans celle où le héros est accusé de viol perpétré, il n’est pas exactement dans la situation d’Hippolyte, il est plutôt dans celle de Joseph.
  2. Itthiyo nâma methunadhammena alittâ.