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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/220

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MARS-AVRIL 1895.

lui contre cette femme en ce temps-là que, dans sa dernière existence comme Buddha, il a été faussement accusé par elle. La version chinoise renverse donc les rôles assignés par la version pâlie ; bien loin d’avoir calomnié à cause des actes d’impudicité qu’elle aurait voulu commettre, elle est calomnieusement accusée elle-même d’actes impurs auxquels elle n’avait même pas songé.

Le Tathâgata-udâna birman est encore plus caractéristique : non seulement notre héroïne n’y joue aucun rôle, mais il n’y est pas même question de femme. Le Buddha, pour expliquer la calomnie dont il est victime, raconte que, étant en état d’ivresse, il avait rencontré un Pratyeka-buddha et l’avait injurié, disant que toute sa vie n’était qu’une longue hypocrisie. C’est en punition des calomnies vomies autrefois par lui contre un saint personnage qu’il avait été ainsi en butte aux injustes accusations d’une femme alliée à ses adversaires.

Il existe donc trois versions pour expliquer l’affront fait au Buddha par la femme que les Tîrthikas suscitèrent contre lui : 1° la version pâlie, qui se dédouble et nous montre cette femme impudique et menteuse poursuivant le Buddha de ses calomnies jusque dans sa dernière existence ; 2° la version chinoise, qui nous la montre calomniée par lui jadis et lui rendant calomnie pour calomnie quand il est arrivé à la perfection ; 3° la version birmane, qui, laissant de côté cette femme, nous fait voir dans celui qui devait être « noire Bhagavat » un vulgaire