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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/120

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où je me trouvai fort à l’étroit. Mlle Ferrand, c’est le nom de notre nouvelle compagne, nous fit mille complimens ; elle nous assura que depuis quelque temps qu’elle avait formé le projet de retourner à Paris, elle allait attendre devant l’auberge les diligences, les voyageurs qui arrivaient, pour juger à leur physionomie s’ils étaient de bons vivans ; qu’après une assez longue attente, nous avions eu l’honneur d’être les préférés. « Si vous croyez, ajouta-t-elle, que je suis une honnête femme, vous vous trompez très-fort ; je ne suis rien moins que cela ; dès que je trouve un jeune homme qui me plaît, ich bald auf der magen lege. » De pareils propos faisaient rire nos jeunes gens ; mais Mad. B… eut très-raison d’en être scandalisée ; dès ce moment il s’établit entre ces deux femmes une espèce d’aversion, qui eût duré tout le temps du voyage sans ce qui arriva le