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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/36

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moins quelqu’un avec lequel je pusse causer : l’on m’indiqua un moulin ; j'y entrai, il faisait obscur, une douzaine de paysans formaient un cercle autour de la cheminée ; aucun ne me fit l’honneur de me regarder ; il n’y avait ni banc, ni chaise ; le feu paraissait s’éteindre : je sortis de ce lieu d’ennui, et laissai les anes et le moulin.

Ah ! voilà la diligence arrivée saine et sauve.

Après une visite aussi longue qu’elle fut inutile, l’on replaça le carosse sur ses roues, et nous partîmes pour Morez.

À un quart de lieue des Rousses est un passage difficile ; une vingtaine de paysans furent priés (et payés) de venir nous aider à soutenir la voiture ; cinquante enfans les suivirent ; la lune éclairait ; les chevaux qui avaient de la neige jusqu’au poitrail s’abattaient à chaque instant ;