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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/278

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

lerons et il le montrera lundi au roi. Je lui donne la permission (que d’ailleurs il aurait prise) de le montrer à sa fille. Je sais, pour lui avoir monté la tête, qu’elle encouragera cette démarche. Je vais au Louvre, pour tenir ma promesse. Mme de Flahaut me dit que l’évêque lui a parlé de mon œuvre. Mme de Staël aurait dit que je la lui avais montrée, et la trouverait très faible. Mme de Flahaut a affirmé à l’évêque que ce n’était pas vrai, car, au contraire, Mme de Staël redoutait seulement qu’elle ne fût trop hardie. Nous bavardons longtemps comme cela. Je m’attendais à ce que Mme de Staël se conduisit ainsi. Je n’en suis donc nullement surpris. Je vais souper chez l’ambassadrice d’Angleterre ; elle est seule avec son mari. Nous avons un agréable entretien avant l’arrivée de Mme de Coigny. Nous nous complimentons mutuellement, Mme de Coigny et moi, et je crois possible que nous devenions amis, mais cela dépend du chapitre des accidents, car elle devra se donner la peine d’y parvenir.


29 août. — Mme de Beaumont me dit que Mme de Staël a informé son père qu’elle avait vu mon œuvre. C’est une femme diabolique et je raconte à Mme de Beaumont toute l’histoire. Il est clair que M. de Montmorin ne peut pas et ne veut pas se servir de mon brouillon. Je vais chez Mme de Staël. Elle est encore à sa toilette, et je suis désappointé dans mon attente d’y rencontrer lady Sutherland. La conversation est terne. Je n’ai pas l’occasion de dire à Mme de Staël ce que je me proposais de lui dire, car elle paraît avoir quelques remords et elle m’évite, mais je dis à l’abbé Louis que je renonce à me mêler de quoi que ce soit, et que je demanderai que mon plan ne soit pas suivi. Brémond me prie de le faire nommer l’un des commissaires du trésor. Je donne à M. de Montmorin un mémoire sur la situation actuelle. Il me dit que Mme de Staël s’est jouée de lui une fois comme de moi ; son père aurait assuré qu’elle