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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/279

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

avait l’habitude de prétendre savoir afin d’être informée. Je réponds que je lui ai donné lieu de croire que j’avais entièrement abandonné la chose, et je lui demande, à lui, d’en parler légèrement, comme d’une affaire classée. Il réplique que le projet est maintenant dans les mains du roi, qui a trouvé le discours préparé pour lui difficile à avaler, parce qu’on y avoue qu’il a perdu la couronne ; mais il a fait observer à Sa Majesté que son seul tort était de ne pas avoir 150,000 hommes à ses ordres.


2 septembre. — Le comte de Montmorin m’annonce la conclusion de la paix entre la Russie et la Porte ; il tient de source sûre que divers corps de troupes sont en marche, de sorte que, l’Empereur et le roi de Prusse étant complètement d’accord, il semble probable que l’on projette quelque chose contre ce pays. Je l’assure que dans ce cas il me paraît d’autant plus nécessaire de faire déclarer, par le roi au moins, les grandes lignes de la Constitution qu’il désire ; il dit que les émigrés réclament l’ancien régime pur et simple. S’ils insistent, je crois qu’il y aura de chaudes rencontres. — Visite à l’ambassadeur d’Angleterre. Je m’entretiens un peu avec le comte de La Marck qui est, ou prétend être, de mon avis sur la Constitution et sur la conduite que devrait tenir le roi. Mme de Staël, qui est là, a une violente dispute avec l’abbé de Montesquiou ; c’est l’évêque d’Autun qui en est en partie la cause, à la grande édification de M. de Narbonne, à peine revenu d’Italie. Au souper, Montesquiou trace des finances de ce pays un tableau qui, serrant de près l’original, n’est naturellement pas beau. La Constitution a été présentée ce soir au roi, qui a promis de donner sa réponse sous peu. Je vais chez l’ambassadeur d’Angleterre et je reste quelque temps auprès de la table des jeux de hasard, aux joies et aux tristesses desquels je ne prends aucune part. Je vais chez Mme de Staël. Je demande à l’abbé Louis les nouvelles. Il répond (dans l’in-