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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/37

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

me dit que la duchesse d’Orléans avait laissé un message pour moi, peu de temps avant mon arrivée. Elle tient à me faire voir son fils, M. de Beaujolais.


22 avril. — M. Jefferson goûte beaucoup mon plan financier[1]. Nous attendons jusqu’à quatre heures M. de La Fayette, qui arrive alors en déshabillé, ayant été retenu par la politique jusqu’à ce moment. Nous croyons que tout va bien. Je propose que les États généraux éloignent la garde suisse de la personne du roi, et adressent en même temps des félicitations aux troupes nationales. M. Jefferson ne croit pas que cela ait grande importance, mais je réussis à convaincre La Fayette, il désire savoir de nous s’il devra prendre une part active aux débats des États généraux. Nous convenons qu’il ne devra parler que dans les circonstances importantes. Nous allons ensuite au Palais-Royal avec Jefferson pour faire prendre nos silhouettes.


24 avril. — Ce soir, pendant le souper chez le baron de Besenval, on nous parle d’un exprès qui vient d’apporter la nouvelle de la mort de l’empereur ; cette nouvelle est bientôt démentie. Il semble pourtant qu’il devra bientôt quitter ce monde. On parle longuement aussi de désordres occasionnés par la disette. Tous les convives qui sont des adversaires des ministres actuels, en sont bien contents. Nous apprenons aussi qu’il y aura un nouveau ministère, dont Monsieur sera le chef, tous les ministres actuels devant se retirer, sauf Necker. Les personnes présentes auraient de beaucoup préféré renvoyer Necker et garder les autres. Pour ma part, je ne crois à aucun changement en ce moment. Puisignieux me dit que les États généraux se querelleront dès le début au sujet des votes par ordre

  1. Morris avait préparé un plan de réformes financières pour la France. Ce plan avait été traduit en français et soumis à M. de Malesherbes.