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Page:Journal des économistes, 1842, T1.djvu/10

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genres de fabrication ont aujourd’hui concentré leurs produits, combiné leurs prix et associé pour ainsi dire leurs bénéfices. Une limite volontaire a été assignée à la production, et les avantages résultant de ces travaux ont été répartis entre les diverses manufactures en raison de leur importance. Dans cette nouvelle combinaison, les affaires n’ont plus rien d’aléatoire, et sans les craintes qu’inspire encore la loi, peut-être que ces pactes, qui n’ont d’abord été qu’une arme défensive, deviendraient un instrument d’oppression. Les choses vont presque toujours ainsi dans ce monde : pour éviter un excès, il est rare qu’on ne se rejette pas sur un autre.

Ces symptômes sont graves : ils appellent toute l’attention des économistes. On peut les considérer comme les pronostics d’une organisation confuse dans laquelle le travail chercherait un équilibre et une régularité qui lui manquent. En eux-mêmes, les deux moyens sont mauvais : ce n’est pas en exerçant sur les maîtres une sorte de violence morale que les ouvriers parviendront à améliorer leur condition ; ce n’est pas en constituant chaque industrie en État de monopole que les manufacturiers s’assureront une prospérité durable. Il ne faut voir dans tout cela que des expédients pour échapper à une situation précaire ou des combinaisons pour arriver plus vite à la fortune. Mais ces accidents de la vie industrielle ne sont pas moins curieux à observer, et c’est surtout dans ces études sur le vif, pour ainsi dire, que l’économie politique peut trouver des aperçus nouveaux, peut-être même des inspirations inattendues. Au fond de tous ces efforts se cache un principe, celui de l’association, qu’on aurait tort de condamner sur des manifestations irrégulières. Ce principe sera-t-il aussi fécond, aussi infaillible qu’on le croit, et parviendra-t-il jamais à trouver une formule satisfaisante ? Ce sont là des énigmes. La science doit chercher à les pénétrer, à donner ses solutions si elle en trouve, à dissiper les illusions si elle n’en trouve pas.

Un autre problème, non moins intéressant, est celui de l’initiative qui appartient au gouvernement en matière d’utilité publique, et de la mesure dans laquelle cette initiative doit et peut s’exercer. L’esprit d’entreprise n’a pas tenu, en France, tout ce qu’on attendait de lui ; le génie des grandes affaires ne semble pas être encore l’apanage de notre nation. De là, sans doute, ce retour vers l’intervention de l’État pour la con-