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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/122

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début du vingtième siècle. Il n’y a pas d’homme assez grand pour dominer cette époque.

À l’heure où Becque va pouvoir prendre rang parmi les écrivains, le romantisme meurt avec Barbey d’Aurevilly, avec Wagner, avec Manet, avec Gustave Doré et Victor Hugo ; en Russie Dostoïewski vient de s’éteindre ; mais Zola triomphe avec Germinal, Sardou avec Théodora ; Bartholdi éclaire le monde avec sa statue de la Liberté ; Paul Bourget publie Cruelle Énigme ; Labiche, Dennery, Dumas et Jean Aicard règnent sur nos théâtres ; on vient de fêter la trois centième du Maître de Forges ; on va représenter Serge Panine ; Oscar Meténier, l’apôtre du théâtre réaliste, ce précurseur du Musée Grévin, donne au théâtre les premiers drames réalistes : la Casserole et En Famille ; Jules Renard, parfait disciple de H. Becque, va nous avouer sous peu qu’il se fait gloire d’être sourd en musique et aveugle en peinture. Pelléas sera pour lui le comble de l’ennui ; la musique que va faire Maurice Ravel sur ses Histoires Naturelles ne le touche pas, Cézanne est un barbare, Rodin et Claude Monet le laissent froid ; il passera un an à Bourges sans regarder la cathédrale ; les rayons Rœntgen seront, pour le père de Poil de Carotte, une plaisanterie enfantine.

C’est l’époque de Catulle Mendès, de Laurent Tailhade, de l’anarchiste Édouard Vaillant, de Sar Péladan, de Léon Bloy, de Bergerat et d’Octave Mirbeau. L’affaire Dreyfus va éclater ; le style bouche de métro, arabesque et vermicelle, fleurira bientôt. On