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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/125

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de cendres dans la bouche. On n’y trouve rien qui vous aide à vivre. Cette comédie suscite l’admiration, mais rien en elle ne réchauffe le cœur ni l’esprit. On n’a pas envie de fréquenter ces personnages, ce ne sont pas des amis.

Il y a, dans la vie de Becque, une anecdote qui illustre bien tristement ce sentiment de désaffection, ce manque d’attirance ou de sympathie.

Becque a aimé, au moins une fois, une femme du monde qu’après une cour assidue il avait décidée à venir chez lui. Ayant emprunté, ce jour-là, un peu d’argent pour les frais de fleurs et de petits gâteaux, il attendit l’heure du rendez-vous ; il attendit désespérément toute la journée ; enfin, vers le soir, n’y tenant plus, il descendit chez sa concierge.

— Il n’est venu personne pour me demander ?

— Si fait ; 11 est venu pour vous une belle dame en voiture ; elle a demandé M. Becque. Je lui ai répondu : sixième à droite. Elle a dit : « C’est trop haut ! » et elle est repartie.

Voici maintenant quelques précisions sur la création de la Parisienne :

Le 7 février 1885, la Parisienne succéda au théâtre de la Renaissance au Voyage au Caucase d’Émile Blavet. (C’est la dernière en date des pièces de Becque, puisque les Polichinelles, auxquels il travailla laborieu-