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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/126

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sement jusqu’à sa mort, en 1899, ne furent jamais terminés.) Ce fut sur la demande d’Émile Perrin, administrateur de la Comédie-Française, que Becque se mit à écrire la Parisienne. Il y travailla plus de deux longues années. La Comédie-Française refusa la pièce. Croyez-vous que c’est drôle ?

Samuel, qui venait de prendre la direction de la Renaissance, reçut la pièce et la mit en répétition au début de l’année. Becque, huit jours avant la générale, écrit :

« Je suis le prisonnier, en attendant que je sois la victime, d’artistes insuffisants et d’un directeur dans l’embarras qui veut passer samedi. »

Et maintenant, voici la version du directeur :

« Oh ! ces répétitions ! Tant que je vivrai, j’en garderai le souvenir. Les pauvres interprètes en étaient arrivés à trembler, comme moi, devant cet auteur jamais satisfait, rêvant une mise en scène à lui, marchant à pieds joints sur tous les usages du théâtre.

« Enfin la répétition générale arriva (le 6 février). Je lui dis : « Mon ami, votre mission est accomplie. Passons dans la salle et devenons public. Nous jugerons comme si cette pièce n’était pas de vous, suivant l’effet qu’elle produira. »

« Ah bien oui ! Becque se souciait fort peu des gens qui étaient dans la salle. Il resta à l’avant-scène, et continua à faire des observations, entrant dans des colères bleues.

« Vers une heure du matin, la répétition fut termi-