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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/169

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nisme de sécurité qui provoque ensuite l’émotion. Il gardera ainsi dans l’œuvre le mouvement original, son magnétisme personnel dépassera la rampe et sera perçu du public en état d’attente.

Le champ magnétique

Parce qu’il est entré dans une salle et réuni dans l’attente du rideau qui va se lever, le public a déjà créé un champ magnétique. Si l’attente est déçue ou si, au cours des représentations, le magnétisme personnel de l’acteur disparaît, il y a désaffection de la part du public. Il suffit qu’un acteur se « désaccorde » pour flétrir ou tarir un spectacle.

Tout être humain a un poids spécifique. Devant le public, on peut dire que le comédien a une densité : c’est sa qualité de présence. De ce dynamisme, de cette sorte d’ « aura », de rayonnement, le comédien doit apprendre à se servir. La présence est naturellement plus grande chez l’acteur que chez le comédien. L’impression de suffisance que donnent parfois certains acteurs est un excès de personnalité. Il en est de même pour l’autorité en scène qui est, toutes proportions égales, bien supérieure chez l’acteur que chez le comédien, ou du moins ne s’obtient chez le comédien qu’à des moments déterminés lorsqu’il est en possession parfaite de son personnage.

La timidité ou la pudeur qu’éprouvent beaucoup