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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/188

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trer dans les ministères et de vivoter des sous-produits du commerce théâtral.

Il y a aussi l’industriel ou le financier qui a un théâtre pour des fins toutes personnelles, mais qui ne veut pas passer pour un directeur. Il y a le concessionnaire d’un théâtre, c’est-à-dire l’homme d’affaires qui a affermé la venté des programmes ou des bonbons, l’exploitation des vestiaires ou des lavabos.

Figurent comme directeurs : l’associé du concessionnaire, c’est-à-dire le « marchand de billets » qui, moyennant une opération usuraire, a acheté, lui, pour un certain nombre de représentations, une certaine quantité de places qu’il fait revendre et sur lesquelles il spécule suivant le succès de la pièce. Il y a aussi le locataire d’un théâtre, qui ne l’exploite pas, mais a cédé son bail à un sous-locataire, lequel, ayant fait une commandite, engendre aussitôt toute une nouvelle famille de petits directeurs.

il peut y avoir encore le sous-sous-locataire du locataire principal et le locataire du sous-sous-locataire.

Dès qu’on a passé dans un théâtre, ou qu’on a touché de près ou de loin au cabinet d’un directeur, le titre est acquis et demeure. On devient directeur, sans que soient nécessaires aucune de ces fastidieuses formalités que nécessitent d’habitude le doctorat, l’ordination, le notariat, ou même l’intronisation dans la Légion d’honneur. L’art dramatique — est-il besoin de le dire ? — n’entre dans ces théâtres que par surprise ou par effraction, et c’est ici qu’il convient d’appliquer la définition